Les traumatismes sont-ils génétiquement transmissibles ? Que savons-nous de la tragédie qui a déchiré, une fois de plus, une partie de l’Afrique ? Notre ignorance n’équivaut-elle pas à une indifférence ? Il y a ceux qui veulent oublier ce qu’ils ont vécu, ceux qui veulent savoir ce qu’ils n’ont pas vécu, ceux qui refusent de tirer un trait « pour solde de tout compte ».
Gaël Faye, Jacaranda, Grasset, 288 pages
On démarre aux côtés de Milan le narrateur. 14 ans, père français, mère rwandaise. Un premier voyage au pays de sa mère lui apporte la conscience des traces du traumatisme. Ce qui est évidemment bien différent du traumatisme lui-même.
Que faire de ces choses terribles qui nous font crier la nuit et pleurer quand l’occasion se présente ?
Milan va retourner au Rwanda, faire sa vie dans un pays dont sa mère ne lui a jamais parlé, où il est considéré comme blanc parce que pas vraiment noir, retrouver des traces qu’on croyait effacées. La violence et le drame ne sont jamais très loin, marquées trop profondément dans les mémoires pour se diluer. Comme l’écrit Faye, « … l’indicible ce n’est pas la violence du génocide, c’est la force des survivants à poursuivre leur existence malgré tout. »
Si l’oubli est impossible, le pardon le sera-t-il ?
Après Petit pays, voilà un texte, entre le récit et l’autofiction, dans lequel l’auteur ne masque pas l’ignoble figure du mal, mais parvient à faire apparaître sous les cendres encore chaudes quelques braises d’amour et d’amitié qui ne demandent qu’à s’embraser.
On apprendra au passage – ou l’on rafraîchira sa mémoire – quelques aspects peu ragoûtants des politiques menées par la France et la Belgique sur cette période
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Par Jean-Paul Garagnon | 18 octobre 2024