Certes, la vieillesse est un naufrage. Mais chacun mène sa barque à sa façon.
Gustavo Rodriguez, Eufrasia Vela et les Sept Mercenaires, l’Observatoire, 272 pages
Eufrasia, aide à domicile à Lima, est dotée d’une capacité d’empathie exceptionnelle et les personnes âgées qu’elle accompagne chez elles puis dans une maison de retraite, savent reconnaître ce don finalement pas si commun. Le problème avec l’empathie, c’est de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin, jusqu’où aller sans se perdre soi-même. Surtout quand les vieilles et les vieux en viennent à avoir d’exagérées exigences !
Gustavo Rodriguez, comme nombre d’auteurs latino-américains, sait merveilleusement raconter des histoires merveilleuses. Pourrait-on reprocher à un romancier de nous présenter uniquement des personnages sympathiques et attachants ? Le tour de force, c’est, dans ce foisonnement de bonne volonté et d’attention aux autres, de ne pas tomber dans la mièvrerie et de parvenir, sans l’aide du contraste, à faire ressortir les individualités de ces femmes et de ces hommes en fin de parcours.
Il est un peu question de naufrage et beaucoup d’amour. À lire avec le coeur. S’il vous en reste.
Extraits
« …les morts, il faut les choyer quand ils respirent encore. »
« Elle se demanda s’il était bon que, pour se soulager, les moribonds laissent des secrets en héritage, comme si ce n’était pas assez lourd comme ça pour les survivants de porter la tristesse laissée par les morts. »
Par Jean-Paul Garagnon | 8 novembre 2024